Les droits des femmes est un combat depuis des générations
C’est par ordonnance que le Comité français de la Libération nationale, présidé par le Général De Gaulle, accorde le droit de vote aux femmes françaises le 21 avril 1944. Un an plus tard, le 29 avril 1945, ce nouveau droit est mis en pratique dans le cadre du premier tour des élections municipales. Ce sont aussi les premières élections organisées après la libération du pays. La signature de la capitulation allemande, le 8 mai 1945, intervient d’ailleurs entre les tours. Dans ce contexte bouleversé, le vote féminin ne va étonnamment pas apparaître comme le sujet central de ces élections. C’est pourtant une date symbolique pour les droits des femmes, qu’immortalisent la une du journal Regards.
Pour les droits des femmes, des « suffragettes » françaises immortalisées
Le terme « suffragettes » fait initialement référence aux militantes du droit de vote des femmes au Royaume-Uni à la fin du XIXe siècle. Mais cette époque charnière va voir se développer les associations militantes partout en Europe comme aux Etats-Unis. En France, dans la lignée d’Hubertine Auclert, puis de Séverine, des manifestations et des interventions dans l’espace public se multiplient. Avec pour seul leitmotiv, défendre le droit de vote des femmes
Séverine (1815 -1929), pionnière et militante
Ecrivaine, journaliste, libertaire et féministe, Séverine, de son vrai nom Caroline Rémy, fut une extraordinaire militante pour les libertés et les droits des femmes. Après avoir dirigé Le Cri du peuple, elle fonde La Fronde avec son amie Marguerite Durand, premier journal entièrement conçu par des femmes. Elle organise en juillet 1914 une manifestation mémorable de suffragistes puis s’investit dans le pacifisme pendant la guerre. Elle devient ainsi la première femme directrice d’un quotidien en France.
Fervente libertaire, elle défendit aussi les anarchistes. Elle fait sa dernière apparition publique en 1927 au Cirque d’Hiver pour défendre Sacco et Vanzetti, deux militants anarchistes accusés de meurtre aux Etats-Unis et condamnés à la chaise électrique.
La Fronde, premier quotidien conçu par des femmes
Fondé en décembre 1897 par Séverine et Marguerite Durand, La Fronde est le premier quotidien non seulement destiné aux femmes, mais aussi conçu, rédigé, administré, fabriqué et distribué exclusivement par des femmes, journalistes, rédactrices, collaboratrices, typographes, imprimeuses, colportrices, etc. Marguerite Durand et Séverine entendent ainsi prouver que des femmes peuvent réussir dans le monde du journalisme, à cette époque fortement dominé par les hommes. Elles y défendent l’avortement, l’éducation mixte, l’accès égal à toutes les professions, mais aussi plus largement le progrès social. En 1899, le journal couvre aussi le procès en révision de Dreyfus et s’engage en sa faveur.
Hubertine Auclert, première « féministe » ?
Journaliste, militante des droits des femmes, mais surtout première Suffragiste française, Hubertine Auclert est l’une des premières à avoir utilisé le terme « féminisme » avec le sens que l’on connaît aujourd’hui, s’appropriant un mot d’abord utilisé par Alexandre Dumas Fils en 1872 dans un sens négatif et médical. La BnF conserve de nombreux documents accessibles en ligne concernant cette pionnière de la lutte pour le droit de vote des femmes en France, et notamment Le Vote des femmes.
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