Dans un passé proche, la jeunesse était catégorisé selon l’âge. A travers une exposition, le CHRD, le Centre d’Histoire de la Résistance et de la Déportation, s’est intéressé à cette catégorie définie par le ministère du Ravitaillement.

A l’aube de la guerre, comment vivaient les jeunes en France ?

Adolescents ou jeunes adultes nés dans les années 20 et 30, les jeunes de 1940 furent élevés à la fois dans le souvenir de leurs aînés – pour beaucoup sacrifiés durant le premier conflit mondial – et dans le rêve d’une paix perpétuelle, de la « Der des Ders ».

La crise économique des années trente et la prise de conscience de
la montée des périls en raison des totalitarismes avaient pourtant déjà bouleversé les conditions de vie de ces jeunes, conduisant les plus âgés à s’engager dans différentes batailles sociales et politiques. Jeunesse communiste, jeunesse ouvrière chrétienne, jeunes syndicalistes de la CGT constituaient déjà à l’aube de la Seconde Guerre mondiale des groupes organisés, qui resteront riches de l’expérience de la lutte et de la contestation. Le Front populaire et les lois sociales de 1936 avaient également fortement impressionné la jeunesse des milieux populaires. Les congés payés, l’essor des auberges de jeunesse et les prémices d’une société de loisirs venaient compléter l’offre des mouvements de l’entre-deux- guerres. Ajistes, scouts, éclaireurs, mouvements d’action catholique permettaient alors, et pour la première fois peut-être, aux jeunes de s’affirmer de façon autonome.

Le fil rouge du journal de Denise Domenach-Lallich

Au travers d’un parcours qui prend pour fil rouge le journal intime d’une jeune fille – Denise Domenach-Lallich, 15 ans en 1939 – Génération 40 dresse le portrait d’une jeunesse particulière et contrastée. Une jeunesse qui eut à vivre la « drôle de guerre », l’exode, la Révolution nationale du maréchal Pétain,
les Chantiers de la jeunesse, le Service du travail obligatoire (STO), la Libération et l’après-guerre. Élèves, étudiants, jeunes ouvriers, jeunes agriculteurs, issus de classes aisées ou populaires composaient en 1940 un groupe hétérogène, celui d’une jeunesse alors soumise à d’incessants mots d’ordre et sollicitations, appelée à être transformée par l’expérience de la guerre et de l’Occupation. Documents, photographies, journaux et lettres de personnages célèbres (Hélène Berr, Guy Môquet) ou anonymes ainsi que témoignages audio récemment collectés révèlent ce qu’impliquait le fait d’être jeune au cœur d’une période aussi troublée. Ils permettent de saisir les réalités complexes vécues par cette génération, d’entendre la singularité de leurs expériences.

Combattre , l’arme ultime

Posthume. Pierre Laborie

Les dernières lettres de fusillés rendent compte de la jeunesse et du désir d’absolu de ces combattants. Confiant à ceux qu’il aime ses raisons de vivre et de mourir, le jeune fusillé clame l’amour de sa patrie et fait de sa dernière lettre « une arme ultime pour un combat posthume », comme l’écrit Pierre Laborie.

La Résistance organise la collecte et la diffusion de ces lettres. Diffusées clandestinement, reprises dans des écrits clandestins par des poètes, comme Aragon, lues au micro de la BBC par Maurice Schumann, elles sont inlassablement recopiées tout au long de la période.

Partenaire régulier du CHRD, le Musée de la Résistance nationale*
de Champigny-sur-Marne a prêté un ensemble exceptionnel de lettres de fusillés. Parmi elles, figure la lettre authentique de Guy Môquet, dont l’Histoire ne cesse de réactiver la portée, parfois à des fins politiques.Si en 2007, le ministre de l’Éducation nationale en impose la lecture à tous les lycéens, l’émotion suscitée par cette lettre, et celles d’autres martyrs, a un impact réel dès le moment de leur diffusion. Ainsi, un des groupes FTP les plus actifs de Franche-Comté en 1943, composé essentiellement de jeunes militants de la Jeunesse ouvrière chrétienne s’intitule « Compagnie Guy Môquet », en hommage au jeune résistant communiste fusillé comme otage à Châteaubriant en octobre 1941.

« Ma petite maman chérie, Mon tout petit frère adoré, Mon petit papa aimé,Je vais mourir ! »

A suivre …

*Un nouveau Musée de la Résistance nationale à Champigny-sur-Marne

Fin 2019, le MRN installera ses espaces muséographiques, ses activités pédagogiques et sa programmation culturelle dans le bâtiment Aimé- Césaire, en bord de Marne, proche du centre-ville et de la future gare Champigny-centre du métro Grand Paris express. Grâce à une très riche collection, la nouvelle exposition permanente du MRN mettra en avant tous les aspects et tous les enjeux de l’histoire et de la mémoire de la Résistance. Dans le même temps, l’espace actuel – site Jean-Louis Crémieux- Brilhac – après reconfiguration, sera dédié à la documentation, à la recherche et à la conservation de la collection.

A suivre…