Pour les familiers de sport et de questions juridiques, le feuilleton Casper Semenya dure depuis quelques années, mais il vient de connaître quelques rebondissements qui vont au-delà de son cas personnel.
Casper Semenya est une athlète sud-africaine, double championne olympique et triple-championne du monde notamment sur 800 m. Elle a été attaquée par ses concurrentes et des fédérations d’abord sur la vérification de son genre et sur des accusations de dopage naturel, Casper Semenya étant hyperandrogène, avec un corps qui secrète naturellement des doses élevées d’androgène.
Pour tenir compte de cette situation, le Comité Olympique a modifié ses règlements pour obliger, pour ses prochaines éditions, Casper Semenya et d’éventuels autres athlètes dans son cas, à prendre un traitement pour l’obliger à maintenir son taux d’androgène naturelle en dessous d’un certain seuil, et l’athlète sud-africaine vient de perdre une première manche auprès du tribunal judiciaire en contestant cette décision.
Mais ce qui est intéressant, en attendant d’autres suites judiciaires (Casper Semenya ne s’avoue pas vaincue, c’est la réaction de l’Association Médicale Mondiale qui a réagit à ce nouveau règlement de l’IAAF (fédération internationale d’athlétisme), Ce dernier rappelle qu’un traitement médical est éthiquement fait pour soigner, et pas pour contrevenir à un état naturel qui n’est pas pathologique. l’AMM trouve, par ailleurs, très douteuse la justification de la fédération en obligeant une prise de traitement face à d’autres traitements. En évoquant à l’avenir des obligations pour les grands basketteurs à se raccourcir les jambes face à d’autres joueurs désavantagés, l’AMM dénonce les dérives d’une telle pensée et incite l’IAAF a annuler son nouveau règlement.
Le monde du sport savait peut-être qu’un jour ou l’autre pourrait se poser la question d’encadrer, grâce à la médecine, telles ou telles catégories, de compétition. Ce qui est intéressant est que cela arrive dès à présent et dans un cas d’autant plus médiatique, que Casper Semenya semble naturellement brouiller des catégories que l’on n’aime pas mélanger, les hommes et les femmes par exemple. Cela ne plaît pas à tout le monde qu’une telle athlète développe des performances naturelles qui se rapproche de celles des hommes.
Cela a l’avantage de mettre certains organisateurs devant leurs contradictions, de faire parler d’éthiques et on l’espère faire bouger un peu les lignes, en espérant que la diversité et l’identité originale de chacun ne soit jamais l’ennemi du sport…