L’UNESCO lance un appel à action pour lutter contre les violences à l’égard des femmes et des filles dans le sport
1 athlète féminine sur 5 déclare avoir été victime d’une forme d’abus sexuel dans leur enfance dans le cadre d’un sport. 2 fois plus que les athlètes masculins ! Et ces abus sont rarement signalés. C’est pourquoi, l’UNESCO lance avec ONU Femmes, un appel à action pour s’attaquer aux causes profondes de la violence et soutenir les victimes.
Les 23 et 24 juillet prochains, l’UNESCO organise à Paris une grande conférence mondiale sur le sport au cours de laquelle seront publiés plusieurs rapports et/ou annoncées plusieurs actions, notamment :
- Un rapport sur l’impact social du sport (le 23/07 ) : Quel est l’impact du sport sur la santé mentale et physique ? Quel est son rôle pour favoriser l’inclusion sociale ? De quelle manière participe t-il à l’éducation et à l’employabilité ?
- Lancement du label « Fit for life” pour les événements sportifs majeurs (24/07) : ce label permet d’harmoniser les critères d’évaluation entre tous les pays hôtes de grands événements sportifs et promouvoir les politiques et les plans d’héritage qui favorisent la durabilité sociale et environnementale.
- Un plan pour assurer une meilleure égalité des genres dans le sport. (24/07) : convaincue que le sport est un outil d’autonomisation, de confiance en soi et d’indépendance pour les femmes, l’UNESCO a conçu ce plan avec l’aide de plus de 25 expert.es. Son contenu pratique va permettre d’aider les décideurs et décideuses nationaux à mieux utiliser le sport comme levier pour la progression de l’égalité des genres et le développement durable.
Points clés: Lutter contre la violence à l’égard des femmes et des filles dans le sport
La violence à l’égard des femmes et des filles est l’un des défis les plus répandus en matière de droits de l’homme dans le monde aujourd’hui. Une femme sur trois connait une forme de violence physique ou sexuelle au cours de sa vie. Cette violence trouve ses racines dans les inégalités entre les genres, la discrimination et les normes culturelles et sociales préjudiciables qui affirment la supériorité des hommes sur les femmes, normalisent la violence à l’égard des femmes et permettent aux auteurs de rester impunis.
Le sport, qui mobilise des millions de personnes quotidiennement à travers le monde, joue un rôle important dans ce contexte. C’est dans le monde du sport que l’on a vu se dérouler certains des cas les plus choquants de sexisme et de violence contre des femmes et des filles.
La culture dominée par les hommes dans le sport, associée à un manque de transparence et à une priorisation de l’intégrité et du profit du sport au détriment de l’individu, a favorisé un environnement qui trop souvent tolère et normalise la violence. L’absence de mécanismes de signalement efficaces, de mesures de protection pour les victimes et de sanctions pour les auteurs laisse les victimes sans voies de recours claires pour remédier à la situation. Bien trop souvent, les victimes se voient contraintes d’abandonner complètement le sport. Pourtant, l’écosystème du sport a également démontré sa formidable capacité à favoriser l’égalité des genres et à déconstruire les causes profondes de cette violence en promouvant l’inclusion, en transformant les mentalités, en luttant contre l’impunité et en faisant des athlètes féminines des modèles à suivre.
La violence à l’égard des femmes et des filles est un problème complexe et pluridimensionnel ; le monde du sport lui-même représente un écosystème complexe. La formation des entraîneurs et des autres professionnels du sport omet souvent un enseignement approfondi sur les violences sexistes et sexuelles, les laissant insuffisamment outillés pour reconnaître et faire face aux cas de violence lorsqu’ils surviennent. Par ailleurs, les dirigeants du monde du sport ont trop peu souvent pris des mesures pour s’assurer que les sportifs et sportives soient capables de reconnaître de telles violences et d’y répondre. Parallèlement, les responsables politiques qui souhaitent lutter contre la violence à l’égard des femmes et des filles doivent être en mesure de comprendre l’écosystème complexe du sport, son large éventail de parties prenantes et la diversité de règles et de mécanismes qui le gouvernent, afin de développer les cadres législatifs et les structures indispensables pour poursuivre les auteurs de violences et soutenir les victimes.
Pour lutter contre la violence à l’égard des femmes et des filles dans le sport, les responsables politiques et les professionnels du sport doivent travailler ensemble. ONU-Femmes, l’UNESCO et l’Initiative Spotlight ont élaboré ce manuel afin de créer une interprétation commune du problème, de fournir des outils pratiques pour lutter contre les violences sexistes et sexuelles dans le sport et de proposer des pistes de collaboration efficaces. Les manifestations de la violence à l’égard des femmes et des filles dans le sport :Quel que soit le sport et sur tous les continents, les athlètes féminines de tous âges sont exposées à d’importants risques de maltraitance et d’abus dans le cadre de leur pratique sportive, tout comme les femmes impliquées dans le sport à d’autres titres.
De nombreux facteurs contribuent aux violences sexistes et sexuelles dans le sport : des déséquilibres extrêmes de pouvoir, la normalisation de pratiques sportives abusives reposant sur l’idée que ‘l’on n’arrive à rien sans souffrir’, la normalisation de stéréotypes de genre préjudiciables, une culture de la domination masculine dans le secteur du sport et, plus généralement, une mauvaise gouvernance des structures sportives. Des études de cas du monde entier montrent qu’il peut être difficile, traumatisant et souvent précarisant de signaler un abus. Même lorsqu’un abus est signalé, les dirigeants et les organisations sportives ont souvent échoué à agir.
Prévenir et répondre à la violence à l’égard des femmes et des filles dans le sport
Heureusement, une multitude de solutions pratiques existent déjà pour lutter contre la violence à l’égard des femmes et des filles dans le sport. A travers les législations nationales, les responsables politiques ont renforcé les lois et comblé les failles juridiques pour lutter contre la violence à l’égard des femmes et des filles sur les terrains de sport et au-delà. Mais une prévention efficace nécessite que les dirigeants du sport instaurent une culture de la sécurité et défendent l’importance de prévenir et d’éradiquer ces abus. Ces dernières années, des organisations sportives ont lancé des programmes de protection comportant, par exemple, des codes de conduite pour leurs entraîneurs, une procédure claire de signalement des abus, des sanctions pour les auteurs de violences et des lignes directrices pour le recrutement d’entraîneurs et d’autres membres du personnel en contact avec les enfants.
Malgré de nombreuses avancées positives, les violences sexistes et sexuelles dans le sport demeurent très insuffisamment signalées, essentiellement en raison du manque de procédures de signalement claires, de la crainte des représailles et d’un manque de confiance dans les dispositifs existants. Pour répondre aux violences à l’égard des femmes et des filles une fois qu’elles se sont produites, les organisations sportives doivent adopter une approche centrée sur les victimes qui privilégie la justice restaurative. Si les personnes concernées et les lanceurs d’alerte ne peuvent pas faire confiance aux voies de recours disponibles, cela impacte non seulement leur droit au recours, mais empêche également les instances sportives de tirer les leçons de leurs erreurs et d’améliorer leurs systèmes de prévention.
D’autres actualités sur les jeux olympiques ? Suivez-nous sur les News !