Trois ans après l’adoption de l’Accord de Paris, lors de la COP 21, pour une prise de conscience collective internationale, la COP 24, 24e conférence des Nations Unies sur le climat, s’est tenue en Pologne, plus exactement à Katowice, du 2 au 14 décembre 2018, et avait pour objet l’adoption officielle de ses règles d’application. Les scientifiques en avaient profité peu avant pour multiplier les alertes face au réchauffement climatique et à ses nombreuses conséquences sur l’environnement, déjà palpables. L’idée était que les pays qui jouent le jeu trouvent des règles communes pour mesurer le travail de chacun. Entre temps, après la première alerte que constituaient les États-Unis de Trump, d’autres signaux sont au rouge vif, par exemple le Brésil de Bolsonaro qui n’a pas hésité à se décommander pour l’organisation de la COP 25 qui se fera donc finalement au Chili.

Des températures globalement en hausse
Pendant ce temps, le Clementinum de Prague, une institution scientifique qui conserve les données météorologiques en continu depuis 1775, confirme que nous vivons des saisons de plus en plus chaudes avec une augmentation générale de température, en moyenne de 1,2°C, et en 2019 cela ne va pas s’arranger, notamment avec l’effet El Nino. Ces mauvaises nouvelles sur ce qui semble un point de non-retour révèlent leurs nouveaux héros comme cette jeune adolescente suédoise de 15 ans, Greta Thunberg, qui n’a pas hésité à interpeller les responsables politiques au nom des générations futures. Elle mène en parallèle une très symbolique grève de l’école très médiatique, mais qui ne la protège pas non plus de violents harcèlements sur les réseaux sociaux

Un résultat mitigé
Le résultat de la COP 24 est un peu positif avec des règles de fonctionnement adoptées, mais un chemin encore long entre les 197 pays signataires de la convention-cadre des Nations Unies. Celle-ci s’est achevée sur la mise en application d’un ensemble de règles définies dans l’Accord de Paris (une centaine de pages), après de longues heures de négociations. Cependant, si ces règles, plutôt techniques, permettront aux Etats signataires d’agir en réduisant l’émission de CO2, et avec plus de transparence, il n’en demeure pas moins que cela ne satisfait pas du tout les ONG telles que Greenpeace ou encore WWF, qui considèrent que les Etats ne prennent pas la mesure de la crise environnementale actuelle, aux regards aussi des grands absents que sont la Russie, la Turquie ou encore l’Iran et les nouveaux réfractaires américains au Nord comme au Sud.

Les contradictions écologiques
Ce qui est nouveau est que la fracture écologique ne passe plus simplement par les atolls fragiles du Pacifique ou les rivages exposés aux cyclones tropicaux. Le climat hexagonal représente exactement ces déchirements ou contradictions, sans que l’on sache si on a vraiment des personnes aux pensées irréconciliables ou simplement des citoyens un peu schizophrènes capables de soutenir le matin une position, et de signer le soir une pétition aux conséquences opposées. La crise des Gilets Jaunes a ainsi signé une fronde contre la fiscalité écologique et les réticences à renoncer aux avantages individuels des énergies fossiles, au point que le gouvernement français a sacrifié l’importance de sa délégation en Pologne. Et dans le même temps s’envole sur le net avec plus de 2 millions de signataires la pétition, L’Affaire du Siècle, orchestrée par Oxfam France, avec la Fondation pour la Nature et l’Homme, Greenpeace France et Notre Affaire à Tous, en envisageant de judiciariser le débat écologique et de mettre l’État en demeure devant les tribunaux au regard de son action.

Après tout, de nombreux signataires sont peut-être heureux de trouver là un coupable, qui les dédouanent de leur responsabilité individuelle.

(©) COP 24 Photograph (Reuters)

On est dans un monde étrange où des individus ont du mal à faire leur rapport entre leur monde et l’État. En même temps, par exemple, un point de vue littéraire un peu cynique, si l’on pense à l’ouvrage « Sapiens, histoire de l’humanité » de Yuval Noah Harari, tend à montrer que l’homme n’en est pas à son coup d’essai quand il s’agit de malmener la Nature, et qu’il est illusoire de songer à des moments où tout a été vraiment mieux.

Le point positif est qu’il n’a jamais été aussi facile de se renseigner sur une façon d’être un peu plus personnellement responsable, en terme d’écologie. Par ailleurs, tout le monde comprend que les murs sont peu utiles, au moins pour empêcher ce type d’aléas climatiques dans notre gros bateau planétaire.

Le meilleur des gestes écologiques ?
Enfin, soulignons que tout cela fait peut-être naître une autre polémique lorsque l’on se veut conscient tout en entretenant sa peur de l’autre : une étude américaine montre que le geste écologique a l’impact le plus fort que peut avoir un foyer moderne est d’avoir un enfant en moins (ou de ne pas en avoir de supplémentaire) !

C’est aussi rassurant qu’au-delà des questions de croissance matérielles, on a quand même un immense travail de nouvel imaginaire à créer pour que tout se passe bien entre nous dans les prochaines années. Voilà un beau défi éthique. Et vous, quelles sont vos résolutions pour imaginer un monde un peu meilleur ? Françaises Ethniques propose de rester sur une note positive pour une année 2019 pleine de belles perspectives pour un monde meilleur.

JB.

Greta Thunberg à la COP24 vendredi 14 décembre 2018 
(©) CAPTURE ÉCRAN / VIDÉO TWITTER GRETA THUNBERG